Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

dimanche 7 octobre 2012

«Quand je dis non, c’est pas oui, c’est non»


Deux cents personnes ont défilé à l’appel du comité «Slutwalk Suisse» sur le quai des Forces-Motrices à Genève.




Lorsqu’on lui demande le message qu’elle souhaite faire passer, une «salope», en tête de cortège, lève son index vers sa pancarte: «Ma dignité est aussi grosse que la tienne». Le ton est donné. Quelque 200 personnes ont répondu à l’appel du comité Slut­walk Suisse à Genève. «Pour une première, c’est pas mal, les Genevois sont durs à bouger», considère Myriam, fonctionnaire vêtue pour l’occasion d’une fine guêpière, «Ultimate feminism» inscrit sur la poitrine.

 Dans le cortège, une majorité de femmes, relativement jeunes. Les slogans entonnés s’en ressentent: «Tu veux mon con, mon con-sen-tement!» Sophie, avec sa pancarte «Mon corps n’est pas une invitation», en a assez d’être sans cesse «dans le compromis», de devoir «nier sa féminité pour être une femme». Les bas résille, les porte-jarretelles, les culottes affriolantes et décolletés plongeants sont partout, donnant un côté carnaval au défilé.

Une femme prend soudain la parole, micro en main, et lit un texte d’une troublante sincérité, qui nous ramène au thème: les violences sexuelles, le viol, l’inversion du rapport entre victime et agresseur. Avec émotion, elle s’adresse «à ses frères et sœurs salopes, ici et partout dans le monde» et commence par raconter comment sa prof de français, «une soixante-huitarde, qui prétendait avoir perdu un œil en combattant aux côtés de Fidel Castro», leur avait expliqué en classe que «de toute façon, tant que les filles n’auront pas compris la symbolique du rouge à lèvres (embrassez-moi sans demander), elles ne comprendront pas non plus pourquoi les hommes ont de mauvaises intentions à leur égard».

Une mère nous explique qu’elle est venue parce qu’elle voudrait que sa fille, parfois «habillée court», soit en sécurité. Une militante des années 1970 rappelle que cela fait «à peine dix ans que les femmes ont le droit de ne plus être violées par leur mari», que rien n’est acquis, et que «les hommes aujourd’hui pensent, à tort, que tous les problèmes ont été résolus». Deux féministes d’une soixantaine d’années se souviennent des années 1970. Leur combat pour l’avortement libre, le «Manifeste des 343 salopes» signé par Beauvoir, la loi Veil en 1975. «Le corps nous appartient, c’était déjà notre thème! On est heureuses que la lutte continue, car on observe la résurgence de mouvements fondamentalistes, aux Etats-Unis, en Suisse aussi.»

Tout à coup apparaît Albert Rodrik, socialiste et féministe de longue date. Lui, contrairement aux distributeurs de flyers anti-Constituante, ne s’est pas trompé de manifestation. Sa devise aujourd’hui, exprimée en anglais, il l’empruntera à la côte ouest: «Quoi que nous portions, où que nous allions, oui, c’est oui et non, c’est non».