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mercredi 20 septembre 2017

Le 117e conseiller fédéral de Suisse est tessinois


Félicitations au Tessin !
Bravo il Ticino



Ignazio Cassis, un libéral convaincu au gouvernement

Ignazio Cassis est le 117e conseiller fédéral de Suisse. Le PLR tessinois a été élu mercredi dès le 2e tour par l'Assemblée fédérale comme successeur de Didier Burkhalter avec 125 voix sur 244 bulletins valables. Marquant le retour de l'italianité au Conseil fédéral, il a donné sa première conférence de presse en italien.

«C'est un moment de fête», a lancé devant les médias le nouvel élu, après avoir entamé la journée plein d'espoir, mais sans certitude. L'élection du médecin de 56 ans marque le retour du Tessin au gouvernement après 18 ans d'absence. Le suspense n'a pas duré trop longtemps pour le chef du groupe PLR aux Chambres fédérales. Il a devancé facilement Pierre Maudet (90 voix) et Isabelle Moret (28).

Ce résultat était attendu. De nombreux parlementaires avaient reconnu au Tessin le droit de revenir au Conseil fédéral. Le PLR ayant présenté un choix de trois candidats, l'émergence d'une candidature sauvage aurait été une grosse surprise.

Siège PLR non contesté

Aucun groupe ne contestait le siège au PLR. Mais seule l'UDC avait appelé clairement à voter pour Ignazio Cassis dont la proximité avec le lobby des assureurs maladie (il est président de Curafutura) dérange un certain nombre de parlementaires à gauche.

Ces derniers n'ont pas fait le poids pour barrer la route au Tessinois. L'éparpillement des voix entre les deux prétendants romands a servi le favori. Le PDC et le PVL ont laissé le libre choix entre les trois poulains PLR.

Le PS s'est muré dans le silence. Le PBD quant à lui roulait clairement pour le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet. Les Verts voulaient renforcer la présence des femmes à l'exécutif et soutenaient la conseillère nationale vaudoise Isabelle Moret.

Ignazio Cassis a mené le bal dès le premier tour où il est arrivé en tête avec 109 voix sur 242 bulletins valables. Il était déjà suivi de Pierre Maudet (62) devant Isabelle Moret (55), mais 16 parlementaires avaient alors voté pour quelqu'un d'autre.

Quatre autres conseillers fédéraux ont été élus dès le 2e tour de scrutin depuis 1959. Ignazio Cassis a fait le même score qu'Eveline Widmer-Schlumpf en 2007. Alain Berset avait obtenu 126 voix en 2011 et Hans-Rudolf Merz 127 en 2003. Adolf Ogi les avaient tous dépassés avec 132 voix en 1987.

Immense respect

Ignazio Cassis a accepté son élection au Conseil fédéral avec une «grande joie et un immense respect», a-t-il déclaré à la tribune en italien, avant de prêter serment, en levant trois doigts de sa main droite. L'annonce du résultat lui a fait sentir le poids de ses nouvelles responsabilités, il sera «à 200% au service du pays, de toutes les régions et de toute la population», a-t-il promis.

Le nouveau conseiller fédéral veut consolider la voie bilatérale avec l'UE. Des questions institutionnelles doivent être réglées. Il importe peu que ce soit sous la forme d'un accord cadre ou non. Il devra toutefois attendre vendredi et la répartition des départements pour voir s'il reprend les manettes des affaires étrangères après le départ de Didier Burkhalter fin octobre.

Italianité

Le 8e conseiller fédéral issu du Tessin voit dans son élection au gouvernement la reconnaissance des problèmes auxquels les régions frontalières, comme son canton, sont confrontées.

S'irritant de la question d'un journaliste sur ce qu'il apporterait au Conseil fédéral en tant que Tessinois, Ignazio Cassis lui a demandé s'il poserait la même à Ueli Maurer. Il a cependant ajouté que la présence de l'italianité au sein du collège gouvernementale est importante pour la cohésion nationale. Elle apporte aussi un savoir pour négocier avec un important voisin de la Suisse: l'Italie.

Eloge de la différence

Avant son assermentation, Ignazio Cassis a aussi fait l'éloge de la différence. Citant Rosa Luxembourg, il a rappelé que «la liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement». Respecter et défendre les opinions différentes seront sa tâche de conseiller fédéral.

L'actuel chef du groupe parlementaire PLR a promis qu'il ne changerait pas. Avant de répéter qu'il se tiendra aux décisions collégiales du Conseil fédéral et n'a fait aucune promesse aux autres partis. «Les positions extrémistes ne permettent pas d'aller de l'avant, mais j'apporterai toutes mes positions libérales-radicales au gouvernement.»

Bravo il Ticino

Les Tessinois ont attendu 18 ans avant de voir à nouveau un des leurs siéger au Conseil fédéral. Ignazio Cassis est le 8e représentant du canton du sud des Alpes. Trois PLR et quatre PDC l'ont précédé.

Sept Tessinois ont été conseiller fédéral auparavant: Stefano Franscini (PLR, 1848-1857), Giovanni Battista Pioda (PLR, 1857-1864), Giuseppe Motta (PDC, 1912-1940), Enrico Celio (PDC, 1940-1950), Giuseppe Lepori (PDC, 1955-1959), Nello Celio (PLR, 1967-1973) et Flavio Cotti (PDC, 1987-1999).

En alignant désormais huit ministres, le Tessin ne se retrouve que derrière quatre cantons dans le palmarès des viviers de conseillers fédéraux. Zurich en a fourni 20, Vaud 15, Berne 14 et Neuchâtel 9.

Essayé, pas pu

Ce qui n'a pas empêché les italophones de trouver le temps très long depuis 1999. Les périodes sans Tessinois étaient en général plus courtes, à l'exception notable des 48 ans qui ont séparé le départ de Giovanni Battista Pioda et l'arrivée de Giuseppe Motta.

Ce n'est pas faute d'avoir essayé pendant 18 ans. Candidats officiels, non retenus ou involontaires, des Tessinois ont régulièrement réuni des voix lors des élections au Conseil fédéral: Remigio Ratti (PDC) en 1999, Patrizia Pesenti (PS) en 2002, Fulvio Pelli (PLR) en 2003, Chiara Simoneschi (PDC) en 2006, Dick Marty (PLR) en 2009, Ignazio Cassis (PLR) en 2010 (12 voix au premier tour), Marina Carobbio (PS) en 2011, Norman Gobbi (Lega) en 2015. Mais jamais le succès n'a été au rendez-vous.

Concurrence entre Latins

Ce n'est pas la première fois qu'un italophone s'assoit dans le fauteuil laissé libre par un francophone. Nello Celio a succédé au Vaudois Paul Chaudet, parti après l'affaire des Mirages. Pendant trois ans, les Romands n'ont eu ensuite qu'un élu au gouvernement. Cette fois, Ignazio Cassis côtoiera deux francophones: l'UDC Guy Parmelin et le socialiste Alain Berset.

La présence de trois Romands au Conseil fédéral, qui a prévalu entre 1959 et 1961, entre 1999 et 2006 depuis 2016, était plutôt inhabituelle. La formule à trois Latins - deux francophones et un italophone - est plus fréquente.

Avant l'élection d'Ignazio Cassis, elle a fonctionné six fois (1912-1913, 1917-1934, 1947-1950, 1955-1959, 1970-1973, 1987-1999). Cinq fois, les Romands se sont retrouvés seuls dont une fois (1875-1881) sans aucun Tessinois à leurs côtés.

Peu après l'élection, Ignazio Cassis a pris la pose avec ses futurs six collègues et le chancelier de la Confédération. 
(Keystone)


On dirait le Sud

L'élection d'un Tessinois déplace un peu vers le sud le centre de gravité gouvernemental. Avec le départ du Neuchâtelois Didier Burkhalter, l'«Espace Mitteland» n'a plus que trois conseillers fédéraux: le Fribourgeois Alain Berset et les Bernois Johann Schneider-Ammann et Simonetta Sommaruga. Vaud est représenté par Guy Parmelin, Zurich par Ueli Maurer et Argovie par Doris Leuthard.

Plusieurs régions, notamment la Suisse orientale et la Suisse centrale, rongent leur frein dans l'attente d'une prochaine vacance au gouvernement. Les deux Bâles ont dû se contenter de trois conseillers fédéraux depuis 1848. Cinq cantons attendent toujours d'envoyer l'un des leurs à Berne: Uri, Schwytz, Nidwald, Schaffhouse et le Jura.

La baie de Lugano

ATS